Obtenir ses éléments de correction
En ces périodes de résultats, plusieurs candidats ont désormais les oraux en ligne de mire, s’ils ne les ont pas déjà passés. Pour d’autres cependant, le résultat des écrits signifie la fin pour cette année.
Pour ces derniers, une fois passée parfois l’envie de tout lâcher, vient le temps de se remettre en selle pour la prochaine session (examens pour celles et ceux qui peuvent s’y présenter, concours dans 2 ans pour les autres).
Dans cette perspective, il existe un outil de progression quasiment gratuit et tout à fait intéressant, qui consiste à obtenir ses éléments de correction.
Hier un peu taboue, cette démarche est de mieux en mieux acceptée. Elle est quoi qu’il en soit fondamentale tant elle permet d’utiliser un échec dans une stratégie de réussite.
Une démarche qui se banalise
Celles et ceux qui pratiquent les marchés publics depuis quelques temps se souviennent peut être du changement complet d’attitude vis-à-vis des rapports d’analyse et de la notation des offres des entreprises soumissionnant aux consultations publiques.
Il y a encore quelques années, le candidat qui demandait à obtenir la notation de son offre se plaçait clairement dans une démarche pré-contentieuse. Pour les acheteurs publics, recevoir une telle demande était vu comme une menace, et la réponse était à l’avenant, en tâchant souvent d’en dire le moins possible et en se demandant sur quel point on allait être coincés.
Aujourd’hui ? De nombreuses entreprises demandent systématiquement leur notation, dans l’immense majorité des cas sans la moindre intention contentieuse, mais simplement pour obtenir des informations utiles pour la suite : combien d'entreprises ont répondu ? Comment l’offre a-t-elle été notée sur le critère technique ? La collectivité a-t-elle choisi une offre plus chère, mais mieux notée ?
Ces éléments permettent aux opérateurs bien organisés d’être sensiblement plus efficaces dans leur prochaines offres. Côté collectivité, le pli est tellement pris que beaucoup transmettent spontanément un certain nombre d’éléments dans le courrier notifiant le refus.
Il me semble qu’on est aujourd’hui en train de vivre la même transition dans le domaine des concours. De mon temps de candidat, demander ce qui se cachait derrière sa note était la première étape d’une contestation. On le faisait sur le coup de la surprise de s’être planté alors qu’on était sorti confiant de l’épreuve.
Cette époque me semble révolue (ou, au moins, sur le point de basculer), tant tout s’organise pour considérer normal qu’un candidat souhaite en savoir d’avantage qu’une note sur 20 qui n’apporte rien.
Des bordereaux de plus en plus complets.
Révélons au passage un (tout petit) secret de fabrication. Les correcteurs, lorsqu’il notent une copie, ne notent rien sur cette dernière, mais remplissent un bordereau de correction, qui comprend certes la note, mais également tout un tas d’informations (qui dépendent largement du centre organisateur, de l’épreuve, etc.) d’appréciation de la copie : note obtenue à chaque question (pour les épreuves concernées), qualités respectives du fond et de la forme, appréciation générale, etc.
D’avantage que la copie elle-même, ce sont ces bordereaux qui sont intéressants pour analyser ce qui n’est pas passé.
Au passage, demander ces pièces, au-delà de l’intérêt individuel, présente également un intérêt collectif sur le long terme, en imposant aux correcteurs d’avantage de détails dans leurs écrits.
Ainsi, d’année en année, les centres organisateurs des concours demandent aux correcteurs d’avantage de détails, et tendent à bannir les commentaires lapidaires, du type “insuffisant” ou “bonne copie”, qui n’apportent rien à personne. A chacun son style, mais sur la dernière session à laquelle j’ai participé cette année, j’ai noirci une petite page manuscrite pour chaque copie : qualités, défauts, points d’amélioration, etc.
Obtenir ses éléments de correction : pourquoi ?
Il ne faut cependant pas tout attendre des documents de correction. Leur vocation première est de juger des mérites de chaque copie, et non de fournir des éléments de progression aux candidats pour leur prochaine tentative.
Cependant, savoir si son expression écrite a été jugée adaptée mais que les documents ont été mal exploités (ou le contraire), c’est se ménager des raccourcis spectaculaires dans ses révisions à venir.
De la même façon, beaucoup de copies présentent des défauts rédhibitoires dont manifestement le candidat n’a pas conscience : ne pas utiliser tous les documents dans une note de synthèse, traiter l’épreuve de questions techniques sous forme de note, etc. Le savoir c’est aussi éviter de faire et refaire la même erreur.
Quoi qu’il en soit, c’est surtout une démarche qui n’est jamais perdante, dans le sens qu’elle ne peut qu’apporter un “plus”.
Comment les obtenir ?
La question du “comment” est un peu moins claire me concernant. D’ailleurs, je suis preneur de tout retour sur la facilité ou non à obtenir ces éléments.
La difficulté est qu’il semble y avoir autant de circuits (et à peu près autant de positions sur la publicité à donner à ces documents) qu’il y a de centres organisateurs. Concrètement, c’est un peu au cas par cas selon les centres de gestion.
Je pense que la première démarche est d’appeler le cdg organisateur du concours que vous avez passé pour connaître la marche à suivre, et de s’y plier. Normalement, le formalisme ne devrait pas être trop lourd, mais on ne peut exclure le fait de devoir demander par écrit.
Quoi qu’il en soit, bien demander l’ensemble des éléments de correction : certains ont demandé leur copie, et l’ont semble-t-il obtenue, mais sans bordereaux de correction c’est tout à fait inutilisable !
Et à l’oral ?
Ajout de dernière minute : notons qu’à l’oral aussi le jury remplit un document de correction, qui reprend souvent des éléments sur le déroulement de l’épreuve (déroulé de la présentation, thèmes des questions, etc.) et une appréciation générale.
Les mêmes causes entraînant les mêmes effets, il ne faut pas non plus hésiter à demander ces éléments.
Bref, les candidats éconduits ont à leur disposition un moyen à peu près gratuit d’en savoir plus sur la manière dont a été appréciée leur production, écrite ou orale. Il faut donc absolument en profiter pour transformer l’échec en “réussite différée” !”
MàJ du 6 juillet : Il semble que plusieurs CdG refusent de transmettre ces pièces qu'ils considèrent non communicables. C'est d'autant plus dommage que la CADA (organisme officiel chargé de statuer sur la communicabilité des documents publics) a précisément traité la question, précisant sans ambiguïté que ces documents étaient parfaitement communicables.
Si vous voulez participer à l'effort collectif de recensement des pratiques des CdG en la matière, c'est ici.
Si vous vous heurtez à une réponse négative, insistez poliment, par écrit, en visant l'avis de la CADA, et en précisant éventuellement que l'étape suivante sera devant le tribunal administratif, ça n'est pas sur que le refus tienne longtemps !